Pour apprendre le Karaté-Do il faut d’abord être présent. Jusque-là rien de nouveau. En lisant des bouquins on découvre pleins de choses, mais si tout pouvait passer par là, les écoles seraient fermées depuis longtemps. Donc c’est pareil pour apprendre à jouer d’un instrument, pour faire la cuisine, pour peindre ou dessiner, pour sculpter, pour apprendre un métier, etc. Les bouquins, les vidéos, les sites internet et autres médias sont des supports complémentaires, mais ne constituent quasiment jamais à eux seuls une base d’apprentissage complète. Donc il faut être présent. Venir au Dojo pour s’entraîner avec les autres. Si vous faites un exercice avec un partenaire, vous êtes deux à progresser. Si vous lisez votre livre, vous êtes seul (et ensuite vous allez raconter à votre partenaire ce que vous avez lu, plutôt que de travailler sur l’exercice que le Sensei vous a montré). Donc il faut être présent, oui, je viens de le dire. Mais présent également dans le sens régulier ou assidu. Parce qu’être présent une fois par mois, c’est mieux qu’une fois par année, mais c’est moins bien que deux fois par semaine. Bon, on arrive au coeur du sujet. Etre présent et régulier c’est bien, mais c’est inutile si l’on est pas également… présent. Comment ça je l’ai déjà dit ? « Shin Gi Tai Ichi » ça ne vous rappelle rien ? – « Esprit Technique Corps Un ». Si votre corps vient s’entraîner, prenez l’esprit avec. Si vous demandez à votre corps d’effectuer une technique, pendant que votre esprit ressasse la réunion de bureau du matin et le programme de la visite des clients du lendemain, c’est peine perdue. Pour reprendre un conseil que les Karatekas tramelots entendent au moins une fois par année : « soyez dans ce que vous faites ». Ou au minimum, soyez avec. Souvent lorsque je vois les élèves pratiquer un exercice nouveau, je m’aperçois qu’après quelques minutes ils continuent à copier les uns sur les autres, alors que la grande majorité serait capable de continuer seule. Sur un tatami on apprend beaucoup en copiant le Sensei ou les anciens. Bien, mais en copiant, l’esprit est plus chez l’autre que chez soi. Dès que possible, il faut donc revenir à soi et produire un effort supplémentaire pour développer la technique sans la copier. Premier pas qui doit nous permettre de ne plus faire, mais de devenir. Etre présent, ça ne veut pas dire oublier les autres. Mais il ne faut pas confondre être là avec eux, être là pour eux et être là par eux. N’avez-vous jamais parlé à quelqu’un tout en étant persuadé qu’il ne vous écoute pas ? Vous savez bien, lorsque vous obtenez toutes les 10 secondes des réponses courtes, genre « ouais,… mmmh,… sûr,… ». Et au bout de 5 minutes, vous lui dites « Eh, t’es avec moi ? ». Vous voyez bien que physiquement oui, ce n’est pas un hologramme, mais vous vous adressez à une enveloppe vide, vous ne communiquez pas. Idem dans vos exercices de Karate-Do. Si votre partenaire bouge devant vous en regardant comment font les autres, il n’est pas complètement présent avec vous, et vous allez probablement en avoir la confirmation prochaine sous forme d’une technique que vous stopperez avec le nez, afin : 1) de confirmer la présence douloureuse de ce qu’il reste de ce dernier 2) de confirmer que vous non plus n’étiez pas assez présent pour le voir arriver Au final, je me demande si je ne devrais pas changer les feuilles de présence au Dojo, afin de pouvoir noter 3 présences par leçon et par personne. Truc-Muche Machin : – physiquement : présent – techniquement : présent – mentalement : présent Non, ok, ce n’est pas une bonne idée. Mais essayez quand-même chacun de venir les trois ensemble. Finalement vous y gagnez, vous venez à trois, et vos cotisations n’augmentent pas. Alain
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