J’ai entendu dernièrement une phrase caractéristique qui démontre particulièrement bien a quel point la plupart des gens se font une fausse idée de ce que représente l’étape tant convoitée de la ceinture noire. Une phrase du genre « C’est dommage d’avoir arrêté avant la ceinture noire, c’est quand-même le but. » Le but ??? Le mythe plutôt. L’illusion du but. Le su-sucre qui vous fait avancer (ou la carotte, suivant l’estime que vous avez de vous-même). Imaginez qu’on applique le même raisonnement à l’obtention du permis de conduire. Le but serait alors de revenir à la maison après l’examen, avec le permis en poche, de le suspendre au dessus de la cheminée et de ne plus l’utiliser ? ! Vous trouvez cela aberrant ou rigolo ? C’est pourtant une des idées reçues les plus répandues et les plus fausses concernant les arts martiaux. Le but n’est pas de réussir l’examen, mais de bénéficier de ce succès pour gagner en autonomie. Ce qui serait aberrant, ce serait justement de ne pas continuer. Les experts attestent que les bases sont acquises, que la théorie et la technique touchent à un degré de maturité suffisant. Et là, il faudrait tout stopper, sous prétexte que le but est atteint ? « Maintenant que j’ai le permis en poche, je peux enfin arrêter de conduire et repartir à pied. Waouh, quel soulagement, je suis vraiment fier de moi. » En fait, le passage de la ceinture noire est un examen comme les autres. Les candidats devraient chercher leur motivation dans les possibilités qui s’ouvriront ensuite (ou « par conséquent », pour les assidus tramelots), et non pas dans l’adoration d’un morceau de papier blanc accompagné d’un morceau de tissus noir. La réussite d’un exercice ou d’un examen, la victoire en championnat, un diplôme ou une médaille sont surtout bons pour flatter l’ego. Ensuite, ils servent à attester d’un effort ou d’une situation, et parfois à remplir le porte-monnaie (pour ceux qui aiment jouer à la ba-balle surtout). Mais les buts restent dans les étapes qui suivent. Orienter une carrière professionnelle basée sur une grande expérience en compétition, obtenir un poste grâce à un niveau de compétences particulier, ou encore se perfectionner dans un hobby ou une passion. En résumé, le but est de « progresser ». Progresser vers quoi ? Vers l’épanouissement tiens ! Mais alors l’épanouissement est une étape après le but, ce qui implique qu’il y a un but après l’épanouissement, et que par conséquent, la progression n’est pas un but mais une étape. Vous avez suivi ? Non ? Bien, c’était le but. Alain
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