Postulat 1 Grands efforts, grandes satisfactions. Le principe est simple : plus le défi est élevé, plus la réussite qui en découle est enrichissante. Evidemment il ne faut pas non plus se fixer des buts totalement irréalisables. Un certain discernement dans l’ établissement des limites est absolument indispensable, sinon, c’est la frustration qui prendra la place de l’enthousiasme. Essayez de trouver une tâche dont le niveau de difficulté est à la portée du premier venu en moins de 5 minutes (par exemple une grille de mots croisés pour débutants), effectuez la, et vous constatez que, même si elle a été réalisée avec le plus grand soin, le niveau de plaisir procuré par cette réussite n’est pas très important. Si maintenant vous essayez de résoudre un problème plus ardu (par exemple un casse-tête complexe, un grand puzzle, etc.) vous devez y consacrer plus de temps, vous rencontrez des moments de frustration, vous devez fournir des efforts plus intenses, et lorsque vous parvenez à trouver la ou les solutions, la joie qui vous envahi est à la mesure des difficultés rencontrées, c’est à dire très intense. Dans tous les exercices que vous effectuez lors de votre pratique des arts martiaux (et c’est valable également en dehors), que ce soit de l’échauffement, de la base, des déplacements, des jeux, du travail de réflexes, de coordination, d’endurance, etc., si vous vous contentez de limiter vos mouvement au minimum, de vous fatiguer le moins possible, de copier une technique de façon approximative, alors vous trouvez peu de motivation dans vos actes, parce que le niveau de difficulté que vous vous imposez est trop faible. Si au contraire vous essayez de réaliser au mieux ce qui est demandé (lire l’article sur « les choses simples ») et dans la mesure du possible d’en effectuer encore davantage, votre effort devient source de motivation plus que de fatigue. Si vous continuez à un rythme modéré, vous sentez que votre effort semble vous nourrir. Plus vous dépensez d’énergie et plus vous sentez en vous cette ressource qui grandit et qui produit l’envie de continuer encore et encore. Et oui, c’est possible, dans une certaine mesure, d’utiliser la fatigue comme une source d’énergie, mais pour y parvenir, l’effort de base doit être conséquent, et ne peut venir que de vous. Postulat 2 Recherche de l’efficacité. Le terme d’ «efficacité» est récurent dans les arts martiaux. Tout pratiquant se demande un jour ou l’autre si ce qu’il fait est «efficace». Pour pouvoir donner un début de réponse cohérente à cette question, il faut commencer par établir une définition de ce qu’est l’efficacité. Prenons pour commencer celle du site Wikipedia : «L’efficacité décrit la capacité d’une personne, d’un groupe ou d’un système à arriver à ses buts ou aux buts qu’on lui a fixé. Etre efficace serait donc produire des résultats escomptés et réaliser des objectifs fixés, par exemple dans les domaines de la qualité, de la rapidité et des coûts. En d’autres mots, ce serait faire les bonnes choses quand il faut et là où il faut.» Je vous propose quand à moi une sorte de résumé : «Peu d’efforts, beaucoup d’effets» Si vous parvenez à réaliser le même travail que votre voisin, avec la même qualité, dans le même temps, mais en fournissant moins d’efforts, il semble évident que vous êtes plus efficace. Dans les arts martiaux, cette recherche se traduit non pas par le fait de frapper fort, d’esquiver vite, ou d’avoir des réflexes rapides, mais d’obtenir tout cela à partir de l’effort le plus faible possible. En effet, imaginez qu’en situation d’agression physique vous parveniez à mettre hors de combat un assaillant, si vous êtes trop fatigués pour parvenir à affronter le deuxième, vos techniques ont été efficaces, mais pas votre manière de gérer la situation. Cette permanente recherche d’efficacité m’amène donc à la conclusion que les arts martiaux sont des disciplines de fainéants. Oulah, j’en entends déjà qui grincent des dents. Entendez ceci dans le «bon» sens, il s’agit de constater d’un Budoka persévérant doit chercher le moindre effort, dans l’unique but d’augmenter l’efficacité de son travail. Paradoxe Et vous y voilà, au fameux paradoxe de l’effort. En augmentant vos efforts, vous augmentez votre taux de réussite, donc votre satisfaction, et votre motivation. Mais du même temps vous diminuez votre efficacité… En réalité, pas tout à fait. Toute l’astuce réside dans le mot «entraînement». L’entraînement vous permet d’augmenter toujours la quantité d’efforts, pour augmenter d’autant la quantité d’effets obtenus. Car en parcourant le chemin en sens inverse, si vous réduisez toujours le travail fourni, vous finissez par ne plus rien faire du tout, et là, c’est «efficacité zéro». Perte de motivation, diminution de l’activité corporelle, moral en chute libre, et tout ce qui en découle (lire l’article sur « Emotions et mouvemements ») Evidemment cette voie ne mène à rien de constructif. Il existe pourtant bien un moyen de faire cohabiter toutes ces contradictions. Il s’agit en fait de trouver une sorte d’effort local minimum, dans un effort global maximum. Moralité Ne ménagez pas vos efforts, se soyez pas «sur la réserve», lâchez-vous, dépensez-vous. Votre efficacité viendra par le fait que, pour un effort donné, l’effet obtenu va grandir sans fin, et non pas par le fait que l’effort doit diminuer jusqu’à disparaître. Alain

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